5 questions pour embaucher un Ingénieur Qualité

Récemment, je me suis régulièrement trouvé dans la situation de devoir recevoir un ingénieur en vue de le recruter (ou pas) pour un poste d’Ingénieur Qualité en développement. C’est toujours difficile de déterminer si la personne que l’on rencontre sera apte à tenir le poste dans d’excellentes conditions (qui veut embaucher un employé médiocre ?). Mais cette difficulté mène parfois à des hésitations lors de l’inévitable et critique entretien d’embauche.

J’ai pris l’hbaitude de poser quelques questions qui me parraissent utiles et pour lesquelles il n’y a pas nécessairement de bonne réponse, mais plutôt de bonnes manières de répondre.

Quelle est la pire crasse que puisse vous faire un fournisseur ? L’ingénieur qualité en développement est confronté en permanence à ses fournisseurs. Dans certains cas, les intérêts divergents entre un fournisseur et son client peuvent être vus comme menant à des situations très difficiles à gérer. Face à une telle question, le candidat se retrouve facilement en train de vous décrire les aspects auxquels il est sensible (et éventuellement oublier des aspects auxquels votre propre entreprise est sensible ou exposée). Personnellement, je préfère entendre “je ne supporte pas qu’un fournisseur me mente – même par omission” plutôt que “c’est terrible quand un fournisseur n’est pas à l’heure pour livrer les pièces échantillons“. Le premier candidat voit les enjeux lourds, le second reste davantage pris dans les urgences.

Quel est la réalisation dont vous êtes le/la plus fier/fière ? Sans attendre une réponse qui serait simplement convenue comme “avoir réussi le projet sur lequel je travaillais jusqu’à il y a un an“, des questions supplémentaires permettent souvent de comprendre ce qui motive véritablement un candidat. Une réponse dans le cadre d’une activité personnelle n’a pas besoin d’être interprétée comme négative. Au contraire, si elle révèle une volonté de s’investir jusqu’au bout dans la réalisation d’un projet.

Que ferez-vous professionnellement dans 10 ans ? semble être une question piège, bien plus qu’il n’y paraît initialement. Beaucoup d’ingénieurs ne se posent pas vraiment la question ; ils se laissent porter par le flot. Beaucoup d’ingénieurs qualité peu motivés, n’attendent qu’une occasion d’aller faire autre chose (par exemple, prendre la direction d’un projet : chef de projet, program manager, les noms varient mais pas le but). Pour certains, par contre, l’ambition est guidée par un fil rouge clair (même si vous avez ainsi l’assurance de ne pas pouvoir garder indéfiniment l’ingenieur dans votre service – mais qui pense encore ainsi ? – vous savez comment gérer le futur de ce candidat au mieux de ses intérêts et des siens). Dans certains cas, le fil rouge est très marqué Qualité et il faudra organiser une carrière dans le service qui va l’accueillir.

A partir de combien de déplacements par mois, demanderez-vous grace ? Tout le monde est prêt à dire qu’il est ouvert aux déplacements (c’est un classique de l’entretien d’embauche). Mais fixer une limite réaliste (tout en sachant que les circonstances de la vie peuvent la faire évoluer) permet aussi de savoir si le mode de fonctionnement du service (les visites client, les visites fournisseurs, les audits, etc. plus les crises et les incidents imprévus) risquent de mettre à genoux le candidat que vous rencontrez. Par ailleurs, il est rare de rencontrer quelqu’un qui n’a pas de limite dans ce domaine. Généralement, il s’agit plutôt de quelqu’un qui ne s’est pas posé la question, qui ne souhaite pas y répondre ou de quelqu’un qui – au contraire – souhaite partir à l’étranger pour une période longue.

Le jeu de rôle piégé. C’est ainsi que j’aime à appeler les questions de mise en situation où le candidat ne peut pas s’en sortir par des moyens simples (malgré la simplicité du cas présenté) et doit donc trouver une solution de compromis : “un fournisseur ne peut pas livrer les pièces à la date dite, que faites-vous ?” (il ne s’agit pas de manque de volonté, mais bien d’impossibilité) ; “votre client vous met devant un fait accompli innacceptable (trouver un cas simple dépendant du métier)” ; etc. Dans tous les cas, il est utile de voir quels sont les compromis qu’est prêt à accepter ou à organiser le candidat. Mauvaises réponses : respecter la date au prix de la qualité, capituler sans proposer de solution, faire un email pour appeler à l’aide la hiérarchie, etc. Bonnes réponses : proposer une livraison échelonnée, découper la prestation en sous-ensembles critiques et moins critiques, identifier des actions de prévention pour le prochain projet, etc. Toutes les réponses peuvent devenir source d’approfondissement simplement en demandant “pourquoi proposer cette solution ?” les raisons qui sous-tendent les compromis sont à analyser en profondeur.

Après une telle série, et au delà des questions plus traditionnelles qui peuvent apparaître dans n’importe quel entretien d’embauche, je crois que l’on dispose d’informations utiles pour mieux comprendre les modes de fonctionnement de l’ingénieur rencontré et pour mieux prévoir ses comportements futurs.

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