Musique sans contrainte

L’actualité m’amène à reparler de la musique numérique et de sa cohabitation (ou non-cohabitation) avec la technologie des réseaux. En effet, nous avons appris cette semaine que notre nouveau Président de la République était favorable à une lutte active contre le piratage et le téléchargement. Ce n’est pas très nouveau, mais cela a été rapidement confirmé par Nicolas Sarkozy. Presque simultanément (je n’y vois qu’une coïncidence, rasssurez-vous), Amazon vient d’annoncer qu’ils allaient lancer un service de vente de musique en ligne qui se passerait complètement de tout système de protection contre la copie (DRM = Digital Rights Management ou gestion numérique des droits d’auteur) et ne ferait que du MP3. Cette initiative est soutenue par EMI qui a décidé de fournir des dizaines de milliers de titres de son catalogue.

J’avoue que je ne suis pas surpris de voir un homme politique prendre une posture essentiellement basée sur les perceptions mais détachée des réalités techniques et commerciales. Nicolas Sarkozy joue son rôle d’homme de droite décidé à réprimer les errements et les délits. Personne n’est vraiment surpris. Mais j’affirme que c’est d’ores et déjà une attitude du passé.

Par contre, Amazon vient maintenant reconnaître la réalité commerciale : les clients ne veulent pas des dispositifs techniques de protection. Ils ne gênent vraiment que les utilisateurs licites (les autres ont droit à des fichiers MP3 libres de ces contraintes, bien sûr) ; ils n’empêchent pas la copie industrielle et la diffusion des oeuvres sur les réseaux P2P par exemple, mais ils empêchent celui qui a acheté un morceau de musique de le jouer sur un lecteur qui n’avait pas été prévu pour cela, ou sur le PC de la chambre du fiston, ou dans le lecteur de CD de la voiture de Madame, etc.

Amazon, conscients de cette réalité -et certainement conscients également que les magasins qui diffusent de la musique sans protection font davantage de ventes que les autres- ont décidé de lancer -d’ici la fin de l’année- un service destiné à faire une concurrence directe au leader du marché, iTunes d’Apple.

Souhaitons-leur bonne chance. S’il y aura toujours des adolescents aux moyens limités pour sacrifier qualité, confort d’utilisation, facilité d’acquisition, élégance de la présentation, etc. (nous avons bien fait des copies de disques 33T sur des cassettes pourries dans nos jeunes années), un produit bien fait et bien vendu sera toujours un succés.

Et si certains affirment que la compétition d’un produit gratuit (le téléchargement illégal) ne peut que tuer les produits payants, je les invite à considérer la compétition entre un produit payant (très très cher) comme l’eau en bouteille et un produit (pratiquement) gratuit et disponible dans tous les foyers (au moins en Europe occidentale) comme l’eau du robinet. Que je sache, Perrier, Evian, Volvic, Badoit, Cristalline et consorts ne demandent pas une législation pour interdire la distribution de l’eau du robinet. Ces marques offrent un produit qui a des avantages notables (réels ou supposés) et réalisent des chiffres d’affaire qui font envie.

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