IE6 devient Firefox 3.6 avec l’aide de la Chine

Tout au cours de cette semaine, nous avons pu voir se développer sous nos yeux écarquillés une histoire surprenante au cœur de la culture de l’Internet mondial. Cela a commencé comme un échange d’invectives boueuses entre Google et la République Populaire de Chine ; il en est sorti une victoire marketing de Firefox. Résumons-nous.

google chrome browser logo

Au début était Google et ses serveurs installés en Chine depuis 2006. La société, connue pour son motto “ne pas faire le mal”, y a accepté les conditions imposées par le gouvernement de la RPC et installé des filtres efficaces et des outils de censure brutale des résultats de ses recherches (si vous voulez des informations sur Tienanmen les résultats visibles en Chine et ailleurs dans le monde n’ont strictement rien à voir – de la politique on passe au tourisme). Mais en janvier 2009, Google a découvert que certains hackers ont obtenu des informations détaillées arrachées à ses ordinateurs au sujet d’entreprises américaines et de défenseurs de la liberté en Chine. Sur ces entrefaites, Google a annoncé sa double intention de lever les mesures de censure et de simplement quitter la Chine.

Certaines choses restent imprécises :

  • Google est-elle vraiment sérieuse dans ces deux propositions ?
  • La vraie raison de leur colère est-elle politique ou économique ? (le gouvernement américain, Hilary Clinton en tête, n’a pas hésité à soutenir Google très activement).

D’autres choses sont claires :

  • Les fuites sont restées limitées (seuls l’objet des mails ont été pris à Google et non pas les contenus).
  • Les hackers sont proches des autorités chinoise et n’ont pas seulement visé Google.
  • Les hackers ont utilisé des pratiques de manipulation sociale (social engineering) et des failles de sécurité présentes dans Internet Explorer et Adobe PDF, qui sont probablement connues de Microsoft et Adobe.

Qu’arrive-t-il alors quand une telle information est librement échangée par les agences de presse ? La plupart des experts ont commencé par gloser sur les failles de sécurité de Internet Explorer 6 (et du lecteur PDF d’Adobe, également). Nombreux sont ceux qui ont ajouté que Internet Explorer 6 est plutôt vieux et qu’il est malheureux de voir autant de gens continuer à l’utiliser alors qu’il est connu comme une des plus grosses fragilités de la navigation sur Internet. C’est ainsi que des gens très sérieux ont décidé de demander le remplacement rapide d’Internet Explorer (principalement v6) par des navigateurs plus modernes. Ce sont mêmes des représentants de gouvernements allemands, français et australien que l’on a entendu prêcher pour le remplacement de Internet Explorer.

3x Firefox

3x Firefox

Les concurrents n’en croyaient pas leurs yeux et leurs oreilles : cela a provoqué une véritable ruée vers les autres navigateurs. Par exemple (voir le graphe ci-contre), Firefox a vu une explosion de ses téléchargements en Allemagne (presque 300.000 allemands ont téléchargé Firefox en quatre jours, soit trois fois plus qu’en temps normal). Cela était vrai aussi dans d’autres pays où la mesure était moins précise et les autres navigateurs ont observé le même phénomène : Opera, Safari, Chrome (qui profite actuellement d’une grosse campagne de pub dans certains pays européens comme la France).

Fort bien! Voilà de meilleurs navigateurs sur de nombreux ordinateurs. Cela aurait pu en rester là. Mais plusieurs évènements ont amplifié la visibilité de ce mouvement. Le premier est que Firefox était sur le point de lancer une nouvelle version de son navigateur à succès (on a noté que dans plusieurs endroits du monde, Firefox est maintenant plus utilisé que le navigateur de Microsoft). Sous le nom de v3.6, cette nouvelle version est plus importante que ne le laisserait penser son petit accroissement numérique (de 3.5 à 3.6 nous n’aurions dû voir que des améliorations mineures). Cela a accéléré la ruée, avec les internautes intéressés par des caractéristiques comme :

  • Skins proposées pour personnaliser le navigateur
  • Plus rapide, plus stable
  • Plus sensible à la sécurité avec l’ajout de messages clairs pour les utilisateurs, à propos des risques de sécurité comme le rappel des plug-ins qui attendent d’être mis à jour.
  • Pré-visualisation des onglets, qui permet de voir leur contenu simplement en les balayant avec Ctrl-Tab
  • Aptitude à naviguer en laissant peu de traces sur votre PC (utile pour ceux qui souhaitent visiter les sites réservés aux adultes)

Cette version est aussi appréciée par les développeurs pour un tas de petites améliorations (comme les gradients CSS).

Cela fait une jolie histoire à raconter, mais ne vous y limitez pas. Firefox est un superbe navigateur et vous devriez sérieusement penser à télécharger Firefox 3.6 dès maintenant !

Si vous n’êtes pas complètement convaincu, vous pouvez aussi considérer une autre option : le dernier navigateur Opera. Opera v10.10 est disponible depuis plusieurs mois déjà et offre tous ces avantages, plus d’autres encore comme :

  • Opera Unite : pour partager facilement des données avec d’autres utilisateurs Opera, sans avoir à ouvrir un site web ou à utiliser un réseau social.
  • Opera Turbo : pour qu’Opera s’adapte aux connexions Internet les plus limitées.
  • Speed dial : pour un accès plus rapide à quelques sites web de votre choix (des amphétamines pour les signets).
  • Le pilotage du navigateur par des mouvements de souris pour aller toujours plus vite.
  • Opera link : pour partager les signets et speed dial avec plusieurs ordinateurs où vous utilisez Opera.

Opera est bien ma solution préférée pour la navigation (même si je me dois de tester mes sites web avec tout ce qui me tombe sous la main, Opera est bel et bien mon pont d’envol pour Internet). Allez télécharger Opera v10.10 maintenant.

Et, si cela ne suffit toujours pas, vous pourriez envisager le navigateur de Google: Chrome est petit et rapide. Comme tout à commencé avec Google en Chine, c’est normal.

Tout allait si vite que Microsoft se devait de faire quelque chose. Bien sûr, ils ont des versions plus récentes d’Internet Explorer (IE8 est inclus dans Windows 7 et peut être téléchargé librement. Mais cela ne suffisait pas vraiment, trop d’internautes commence à se plaindre de voir Microsoft attendre la date normalement prévue pour les mises à jour mensuelles. Pire, certains experts ont fait remarquer que Microsoft était déjà au courant du problème depuis plusieurs mois. Dans ces conditions, ne rien faire allait tourner au fiasco de relations publiques et produire des vents désagréablement contraires.

Microsoft s’est donc précipité pour produire une mise à jour hors-circuit de IE6. Windows Update offre maintenant la correction pour tous les utilisateurs Windows encore équipés de IE6 (bien sûr, encore faut-il avoir validé Windows Update et on sait que nombre d’internautes ne l’ont pas fait ou refusent les mises à jour proposées – c’est regrettable et la raison principale pour laquelle tant de PC sont infectés de chevaux de Troie, de virus et de programmes de pub). Si vous n’avez pas encore profité des offres de passage à IE7 ou IE8, il est grand temps de mettre à jour votre vieille bécane.

Cette histoire connaîtra encore quelques rebondissements, je crois. Mais il y a une leçon à retenir (par Google, et la plupart des internautes) :

Maintenez votre navigateur à jour et ne cliquez pas sur les liens d’un message de courrier électronique inattendu.

Il y a aussi une leçon pour Microsoft :

Désolé si vous pensiez être débarrassé des vieilleries comme IE6, mais le quasi-monopole (présent ou passé) implique des responsabilités.

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