La Société Générale a bien failli déclencher le krach boursier

La semaine dernière s’est déroulée de manière bien agitée sur les marchés boursiers. Même si vous n’êtes pas très attentifs à ces sujets, vous n’avez pas pu manquer les informations à ce sujet : les bourses mondiales ont violemment plongé en début de semaine faisant craindre le pire aux marchés. En fait, les choses commencent à être plus claires et c’est un panorama assez extraordinaire qui se dessine et reliant les événements de la semaine d’une manière assez ahurissante mais parfaitement logique.

On pouvait s’étonner que les bourses européennes aient plongé brutalement apparemment sans influence extérieure : aucune mauvaise nouvelle économique venant des États-Unis (les marchés étaient fermés là-bas pour fêter le Martin Luther King’s Day et les craintes de récession n’étaient qu’une douleur lancinante mais imprécise).

Tout d’abord, cela commence pendant le week-end quand la direction de la Société Générale découvre les malversations autour d’instruments financiers qui amènent à un trou de presque 5 milliards d’euros (7MM$) dans les comptes. Jusque là, il ne s’agit que d’une affaire interne ; gigantesque, mais limitée. Là où le bas blesse, c’est qu’il faut couvrir ces opérations ratées. Seule solution : solder des lignes qui représentent 50 milliards d’euros (70MM$). Et pour cela il faut vendre !

IndexesA partir de lundi, la Société Générale se lance donc dans les soldes. Mais personne n’a été prévenu évidemment, c’est donc le choc. Pour vous donner une idée de l’ampleur, le précédent record d’échanges quotidien était de 13 milliards d’euros. Mais la Société Générale n’a que quelques jours pour solder ses positions, donc elle inonde le marché (on ne sait pas si le solde est maintenant atteint). Immédiatement, tout le monde ne voit plus que des vendeurs sur la place de marché. On a l’impression que personne n’achète. En tout cas, il n’y a pas assez d’acheteurs et de loin.

Mais dans la situation actuelle des marchés internationaux, une telle situation ne peut pas rester isolée. Une grande place de marché comme Paris plonge à grande vitesse. Même si on ne sait pas absolument pourquoi, les autres doivent suivre le mouvement, quitte à redresser ensuite si on en vient à mieux comprendre. Et c’est là que les choses s’emballent.

En effet, la situation économique aux États-Unis inquiète depuis plusieurs mois. La bulle immobilière constituée principalement par l’octroi de prêts essentiellement non remboursables (ce que l’on appelle les sub-primes est une manière élégante de financer et présenter des prêts à des acquéreurs qui sont essentiellement non-solvables ; quand cela arrive à petite échelle, c’est élégant, quand cela arrive à grande échelle, c’est la recette pour une catastrophe programmée) est en train d’éclater alors que l’économie semblait déjà un peu atone. Dans ce contexte, le consommateur américain est inquiet et les dépenses de consommation baissent. Cela se transmet à l’économie réelle : les entreprises vendent moins, font moins d’affaires. Ce qui était plutôt localisé sur les marchés purement financiers se répand dans le monde réel des entreprises.

Dans un tel contexte, les bourses voient se mettre en place plusieurs signaux : des pertes sur le marché financier, des entreprises qui vont avoir de plus en plus de mal à vendre leurs produits (la Bourse essaye de toujours anticiper sur ce que sera le monde des entreprises dans quelques mois). Si certains éléments semblent incohérents, ce n’est pas grave tout le monde cavale vers la baisse.

Une amplification est également venue de l’analyse technique ou analyse graphique. De nombreux traders (et logiciels de trading) se concentre sur une observation des tendances qui apparaissent sur une représentation graphique des cours de Bourse. Cette technique a un réel pouvoir de prévision, mais surtout cela fait quelques semaines que la tendance annoncée est une baisse forte de plusieurs pourcent.

Le déclenchement vient donc de la Société Générale, mais il fallait aussi tout l’environnement pour accompagner ce mouvement initial. Bien sûr, la Société Générale n’avait pas le choix de la date. Bien sûr, à défaut, les Bourses auraient sans doute trouvé une autre raison pour baisser (tout y poussait). Mais la séquence est quand même frappante.

Dernière remarque : si on retire le facteur déclenchant, il reste une tendance lourde liée à tous les autres facteurs. Mais, pire, on peut remarquer qu’une grande bourse comme celle de New York n’a pas subi les mêmes secousses que Paris et quelques autres places (spécialement puisqu’elle était fermée le jour le plus difficile, lundi). La Réserve Fédérale qui a essayé d’aider pendant la semaine l’a aussi un peu protégée. Mais nombre d’observateurs annoncent encore que les marchés y ont besoin d’une purge qui devra prendre la forme d’une baisse violente encore à venir…

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